Les Canadiens jouissent d’un accès hors pair à des sources d’énergie sécuritaires et fiables. Lorsque nous allumons les lumières, montons le chauffage ou faisons le plein de nos véhicules, un vaste réseau (infrastructure fixe, capital mobile, ressources humaines) travaille « en coulisses » au fonctionnement des services énergétiques – chauffage, éclairage, transports – qui sont essentiels pour nos vies quotidiennes et notre économie. Nous tenons pour acquis que nos besoins énergétiques seront satisfaits en tout temps, avec de rares exceptions, qui sont en général le résultat d’événements météorologiques ou d’autres circonstances imprévisibles qui peuvent perturber temporairement le réseau de distribution d’énergie.
Dans mon dernier Commentaire, j’ai souligné l’importance d’un cadre réglementaire stable, cohérent et constant pour assurer aux Canadiens une livraison fiable « sur demande » de carburants raffinés.
Plusieurs événements survenus au cours des quelques dernières semaines mettent en évidence comment d’autres décisions et mesures ont la capacité de perturber l’équilibre du réseau de distribution de carburant et de mettre en péril l’accès des Canadiens à un approvisionnement en énergie sécuritaire et fiable.
Le 26 février, la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent a annoncé sa décision de retarder l’ouverture d’une section de la voie maritime du Saint-Laurent entre Montréal et le lac Ontario jusqu’au 1ier avril. Selon la Chambre de commerce maritime, il pourrait en résulter 100 transits de navires en moins et un retard du transport de fournitures et de produits critiques le long du corridor de transport et de commerce des Grands Lacs et de la voie maritime du Saint-Laurent.
Les producteurs de carburants comptent sur la voie maritime du Saint-Laurent tout au long de la saison de navigation commerciale pour la réception de pétrole brut et d’autres charges d’alimentation, ainsi que pour la livraison aux clients d’essence, de diesel et de carburant aviation. Un horaire prévisible pour les opérations de la voie maritime est un élément essentiel au fonctionnement efficace et rentable de la chaîne d’approvisionnement en carburants du Canada.
Cette perturbation du transport maritime survient à un moment où le fonctionnement du réseau de transport ferroviaire du Canada a été sérieusement compromis par le blocage de voies ferrées, venant exacerber une situation déjà difficile dans la chaîne logistique. Le chemin de fer est un mode de transport crucial pour les carburants lorsque le transport par pipeline et par navire n’est pas disponible ou n’offre pas la capacité nécessaire pour le transport des volumes requis. Certaines régions du Canada dépendent exclusivement du chemin de fer pour le transport du carburant des raffineries aux dépôts de distribution qui approvisionnent les points de vente au détail. Le train est également le principal moyen de transport pour certains facteurs de production des raffineries ainsi que pour des produits énergétiques comme le propane. Une interruption prolongée du réseau de transport ferroviaire provoquera des problèmes de distribution des carburants dans certains marchés. De plus, les risques ne disparaissent pas dès qu’on démantèle les barricades. M. Marc Garneau, ministre fédéral des Transports, a confirmé que les effets sur le réseau ferroviaire continueraient à se faire sentir pendant « des semaines et des mois ».
Finalement, une série de barrages récemment érigés à des raffineries, des dépôts et des dépôts de vrac dans l’Ouest du Canada ont perturbé les activités de distribution de carburant dans plusieurs collectivités.
Tout système complexe doit être doté d’une résilience intégrée afin de réduire les risques de circonstances imprévues, mais le présent « tiercé » de circonstances devrait servir d’avertissement pour les Canadiens qui considèrent comme allant de soi la capacité de faire le plein à la station-service de leur choix. Oui, nous disposons d’un réseau efficace et bien développé qui assure que les Canadiens aient un accès fiable aux carburants dont ils ont besoin, quand et où ils en ont besoin, et les raffineurs et distributeurs de carburants ont des plans d’urgence qui leur permettent de réagir aux pressions à court terme exercées sur la chaîne d’approvisionnement. Le système n’est toutefois pas à l’abri de « chocs » externes de toutes sortes qui peuvent compromettre son efficience et son efficacité et constituent un risque pour cet accès à long terme. Nous avons tous un enjeu dans la prévention et la réduction de décisions et de mesures qui mettent en risque un accès sécuritaire et fiable à l’énergie.
Au moment où nos systèmes énergétiques se transforment pour relever les défis que présente le changement climatique, les Canadiens continuent à exiger et à attendre un accès fiable et sécuritaire à l’énergie (quelle qu’en soit la source). Pour aller de l’avant, le Canada doit en faire une priorité fondamentale. Les Canadiens ne désirent pas un avenir dans lequel ils ne disposeraient pas de chauffage et d’éclairage et où le réservoir d’essence du véhicule familial serait vide.