L’information règne en maître. C’est certainement le cas pour SmartWay, qui a comme mission d’accroître l’efficacité du secteur du transport de marchandises au Canada. Par le passé, le manque de données a toutefois empêché l’industrie d’apporter des changements significatifs.
« C’est le facteur le plus important et la situation commence à s’améliorer », commente Luke Bond, directeur de programme chez SmartWay.
Un bon exemple en est l’un des plus graves problèmes dans le domaine du camionnage, ce que l’on appelle les « kilomètres parcourus à vide », c’est-à-dire le temps pendant lequel les camions parcourent les routes sans charge utile. Les camions partent faire la livraison de marchandises mais reviennent souvent sans chargement de retour.
« C’est essentiellement le but visé par le programme SmartWay, de fournir les données indiquant le nombre de kilomètres parcourus à vide, poursuit M. Bond. On peut ensuite s’attaquer à résoudre le problème. »
Le programme SmartWay, une branche de Ressources naturelles Canada (RNCan), a été créé il y a six ans, dans la foulée de la création de la version américaine en 2004. L’organisme recueille des données et encourage les entreprises de camionnage à joindre ses rangs, gratuitement et volontairement.
Avec plus de 3 000 membres à l’échelle du continent, SmartWay est actuellement en mesure de faire le suivi de diverses statistiques et de les partager avec l’industrie.
Les avantages sont nombreux, non seulement pour l’environnement mais également pour les entreprises. « Cela contribuera à aider les parties intéressées à évaluer et identifier les aspects à améliorer et à voir comment elles se comparent à d’autres intervenants de l’industrie, ce qui pourrait constituer un avantage concurrentiel », continue M. Bond.
Les kilomètres parcourus à vide sont la principale source de gaspillage dans le système, ajoute M. Bond. Les statistiques de l’industrie dénotent une moyenne de 32 milliards de kilomètres parcourus à vide chaque année en Amérique du Nord. Il est important d’observer la situation à l’échelle de l’Amérique du Nord, étant donné que les camions canadiens et américains traversent constamment la frontière.
« Si l’on prend en compte les coûts pour le carburant, les chauffeurs et les camions en l’absence de charge transportée, on s’aperçoit de l’importance du gaspillage », souligne M. Bond.
Plus de données, nouveaux programmes
Récemment, SmartWay a publié diverses statistiques sur l’industrie. Par exemple, en 2017, 86 pour cent des camions étaient « pour compte d’autrui », les autres étant privés ou spécialisés. Un parc privé appartient à une compagnie qui transporte ses propres marchandises, a expliqué M. Bond. Un parc spécialisé dessert un client ou un trajet particulier.
« La vaste majorité des camions sont pour compte d’autrui. C’est la nature de l’industrie, dit M. Bond. Il y a peu d’entreprises qui expédient chaque semaine la même quantité de marchandises. Pour s’adapter à l’évolution du marché, on doit faire preuve de polyvalence. Si on a besoin de 10 camions une semaine et d’un seul la semaine suivante, il n’est pas très efficace que les autres restent inactifs. »
Il n’est donc pas surprenant que les parcs pour compte d’autrui soient quelque peu plus efficaces que les parcs privés. SmartWay et ses membres recherchent des moyens de rehausser l’efficacité, comme de nouvelles technologies qui permettent aux expéditeurs et aux transporteurs de communiquer. Par exemple, une entreprise de camionnage peut publier un avis à l’effet qu’elle disposera d’espace de chargement libre et entrer en contact avec un expéditeur qui a besoin d’un tel service sur ce parcours.
« Il doit y avoir un moyen d’améliorer les choses. Il y a des gens qui ont besoin de déplacer des produits et des camions ; il suffit de les mettre en contact », explique M. Bond.
Considération pour l’environnement
Il n’y a pas que la technologie de connexion qui améliore le parc de transport du Canada. « Il existe de nombreuses technologies aérodynamiques, des ailerons latéraux, de nouveaux camions perfectionnés, qui contribuent à la réduction de la consommation de carburant. Beaucoup de compagnies essaient de changer les “modes” qu’elles utilisent, comme les trains ou les navires », commente M. Bond.
SmartWay a également lancé un nouveau Programme d’évaluation écoénergétique des flottes de transport des marchandises (EEFT), conçu spécialement pour aider les parcs à identifier et exploiter les gains en efficacité.
« On peut demander une évaluation de son parc. Le programme EEFT fait tout en son pouvoir et analyse les statistiques sur tous les camions qu’on a : âge, consommation de carburant, charge utile, ainsi de suite », poursuit M. Bond.
Cette information permet aux entreprises de déterminer l’impact de l’amélioration de leurs parcs pour ce qui est du coût et du rendement de l’investissement.
« Ces compagnies veulent faire quelque chose mais comment savoir où dépenser l’argent et connaître le rendement du capital investi ? », demande M. Bond. C’est nouveau cette année et nous allons procéder à notre première ronde d’évaluations. »
Tout cela a été rendu possible par la collecte d’information effectuée par SmartWay. Comme le dit M. Bond, l’information règne en maître.